Mariage coutumier et les femmes tunisiennes
Le mariage coutumier et les salafistes tunisien:Un jour après la victoire électorale du parti politique Al-Nahda en Novembre, son chef Rachid Ghannouchi a annoncé que «la polygamie est possible en Tunisie.”
Il est revenu sur sa déclaration et a assuré que “al-Nahda n’a pas l’intention de revenir sur le code du statut personnel et les droits qu’elle garantit aux femmes tunisiennes.” Ce code interdit la polygamie.
le mariage coutumier n’est pas entièrement nouveau pour la Tunisie, même si elle est interdit par la loi. Les statistiques publiées par l’Association Amal pour la Famille et de l’Enfance indiquent que le taux de naissances hors mariage a atteint 1.200 à 1.500 cas en 2009, soit l’équivalent de quatre naissances par jour.
Selon les mêmes statistiques, la plupart de ces mères célibataires qui ont eu des bébés nés hors mariage sont des jeunes âgés entre 19 et 25 ans;
Ces statistiques ont révélé que ce phénomène est lié à des normes sociales libérales en Tunisie. Donc, le mariage religieux coutumier ne constitue pas la majorité des cas. Il s’agissait plutôt de jeunes hommes et femmes ayant des relations exemptes de toute forme de contrats de mariage.
Après son arrivée au pouvoir, al-Nahda a abordé la question de façon pragmatique et ne veut apporter de modifications à la loi sur le statut personnel pour des raisons tactiques. Après avoir lancé plusieurs ballons d’essai, il est devenu clair que la plupart des Tunisiens s’opposent à inverser »les acquis de l’héritage de Bourguiba».
Mais les mouvements salafistes ont une stratégie différente qui consiste à promouvoir le mariage coutumier dans les quartiers ouvriers et dans les universités. Ce phénomène a connu une croissance sans précédent au cours des derniers mois selon un rapport publié par le Centre tunisien de Recherche, d’Etudes, de Documentation et Information sur la Femme (CREDIF).
Les salafistes veulent promouvoir toutes sortes de contrats de mariage comme une alternative au mariage civil comme la polygamie, le mariage coutumier, et Misyar (traduit parfois par le mariage des voyageurs ou mariage de convenance).
Il semble que cette stratégie a commencé à porter ses fruits. Les éputés du Congrès pour la République (CPR), le parti du président Moncef Marzhouki, a récemment proposé un projet de loi qui vise à légaliser les différentes formes de mariage religieux qui sont devenus populaires dans certains milieux.
De nombreuses associations féminines et les organisations des droits humains ont exprimé leur opposition à la légalisation du mariage religieux sous toutes ses formes, car il est considéré comme une violation de la laïcité de l’Etat tunisien. Il est également en contradiction avec le code du statut personnel qui stipule la documentation, l’annonce, l’ouverture et la monogamie.
La foule de manifestants mobilisés par ces groupes ont réussi à pousser le parti du président de se rétracter et retirer le projet de loi du Parlement.